Le BIM nous vend-il du rêve ? Voilà quelques années déjà que cet outil de conception des bâtiments (Building Information Modeling) questionne la profession.
Le BIM est un logiciel de conception 3D, basé sur un processus collaboratif. Chaque acteur de la construction, architectes, ingénieurs, entreprises, clients, fournisseurs enrichit l’interface de ses données techniques, composant ainsi une maquette numérique exhaustive, utilisable tout au long du cycle de vie d’un bâtiment. Dans le monde merveilleusement transversal du BIM, l’architecte est au cœur du projet.
C’est donc une carte à jouer importante pour la corporation. Mais, comme le dit si bien l’Oncle Ben, with great power, comes great responsibility et c’est cette nouvelle responsabilité qu’il convient d’évaluer aujourd’hui.
Une maquette numérique collaborative
Sur le papier – plus précisément sur l’écran – le BIM c’est magique. Mais en pratique, ça donne quoi ? Parmi les architectes, les avis varient. Quand tout fonctionne, le processus de conception est plus fluide, puisque chaque élément ajouté contient tous ses paramètres de nature, de qualité ou de propriété. Avec le BIM, la profession maîtrise la 3D et envisage même la quatrième et la cinquième dimension. On peut, par exemple, intégrer des notions de temps et de ressources humaines grâce au planning de construction. Cerise sur le gâteau, l’actualisation des données se fait de manière automatique. Cette vision globale permet notamment d’anticiper les éventuels blocages de conception et de construction, et d’obtenir une perspective du produit fini très réaliste. Dans un second temps, la maquette facilite également les interventions d’entretien et de maintenance.
En théorie, donc, avec le wonderBIM, on réduit la perte d’information entre les intervenants et on teste plus facilement les différentes options de conception. En revanche, en cas de crash de disque dur, de serveur, de disquette (90’s forever), c’est la cata pure et simple. Le stockage de données devient ainsi l’une des responsabilités à assumer.
L’autre grande transformation que porte le BIM, c’est bien sûr la manière de travailler sur un projet. Notre maquette BIM en lévitation sur son cloud est partagée avec tous et autorise la collaboration simultanée. Outre les économies de temps et d’argent que permet ce fonctionnement, il offre aussi la possibilité à chaque métier d’avoir une vision plus large du projet et d’être ainsi plus efficace et critique sur son propre travail, architectes en tête.
Prise de pouvoir et prise de risque
Grâce au BIM, l’architecte revient donc au centre du projet, optimisant sa connaissance du bâtiment. Mais, de ce nouveau statut découlent des responsabilités, comme celle de la sauvegarde des données évoquée plus haut. Ces fichiers doivent pouvoir être consultés quinze ans après la construction, soit potentiellement dans une ère nouvelle où l’Iphone XS n’est plus qu’un Nokia 3310 tactile. L’architecte doit alors, soit garantir la mise à jour permanente de ses données – et exiger une rémunération pour cette compétence – soit transmettre la gestion à une autre entité.
L’autre risque est bien sûr financier. L’achat du logiciel BIM nécessite un gros investissement de la part des agences, notamment pour les petites structures. Il faut ensuite compter le temps de formation pour les utilisateurs. Les pro-BIM vous diront qu’une fois maîtrisé, le BIM est un outil qui permet d’être aussi efficace que les grandes agences, en démultipliant la productivité grâce au travail simultané.
La question d’adopter ou non le BIM pourrait à terme ne plus se poser. L’introduction d’un nouveau référentiel BIM en 2019 laisse penser, selon certains, que le logiciel pourrait devenir une certification obligatoire, pour décrocher par exemple des marchés publics. Quid, alors, de ceux qui ne voudraient pas prendre ce train-là ?